Deux voyages qui se terminent

Auparavant, lorsqu’on m’annonçait un incentive, j’avais tendance à devenir grincheux. Il faut dire que j’ai travaillé pour certaines entreprises qui étaient plus douer pour manipuler le bâton que la carotte. Dans ces boîtes de la vieille école, la DRH voulait de nous que nous nous dépassions mais donnait très peu en compensation. Et se donner à 100 % durant une semaine pour avoir droit en fin de compte à un pauvre paquet de bonbons (authentique !), ça peut être passablement blessant. La société pour laquelle je travaille aujourd’hui a cependant un peu plus de clairvoyance. Du coup, quand elle organise un incentive, le cadeau est proportionnelle à l’effort exigé. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec plaisir que je découvre le prochain incentive, et je me donne à 200 %. C’est comme ça que, l’année dernière, j’ai déjà remporté un iPad, des séjoursde luxe, des places de ciné (il s’agissait là d’un mini-challenge)… Si j’étais déjà comblé de ces avantages, le mois dernier, j’ai cette fois gagné la timbale : un voyage d’une semaine en Mongolie ! Au début, je dois avouer que je n’étais pas franchement chaud à l’idée de ce voyage. Quitte à choisir, j’aurais préféré partir en voyage avec ma chère et tendre. Parce qu’il s’agissait d’un voyage entre collègues, naturellement. L’idée de base me gênait pas mal. Voyager avec des collègues, ce n’est pas à proprement parler du travail, mais c’est tout de même loin d’être des vacances. J’imagine que c’est la même chose de votre côté : on ne se comporte pas de la même manière avec ses collègues et on se comporte chez soi. Il y a un rôle à jouer, celui du mec qui se relâche parce que c’est ce qu’il est censé faire… tout en faisant garde à son attitude, vu que ses collaborateurs n’oublieront pas. Enfin, ça, c’est ce que je croyais. Parce qu’une fois sur place, je me suis surtout rendu compte qu’une virée entre collègues, parfois, ça permet également d’être naturel. Quoique d’un naturel très différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai perdu un paquet de neurones durant mon séjour, mais de temps à autre, ça fait tout de même du bien. Je craignais surtout que les activités qu’on nous réserve sur place aient la saveur d’un plat tout préparé. Vous avez déjà sans doute vécu un tel moment : vous vous retrouvez coincé dans une activité où l »on a recréé artificiellement pour vous pour faire plus exotique. J’ai déjà eu l’occasion de vivre ce genre de moment au cours d’un voyage avec ma femme, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais ma direction a, une fois encore, tiré son épingle du jeu : elle a fait appel à une agence événementielle qui a tout organisé de bout en bout, et nous a concocté un voyage vraiment authentique. Si celui-ci s’est révélé assez riche, ça a été un vrai bonheur : ce n’était pas un séjour touristique (le colon blanc parmi les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout d’être consterné par les activités qu’on nous réserverait sur place. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été préparée par un moniteur BAFA incapable de comprendre qu’il s’adressait à des adultes. La direction a fait d’une pierre deux coups, sur ce coup-là : elle a non seulement comblé les collaborateurs avec ce voyage, mais a également contribué à resserrer les liens entre ceux-ci. Je pense que je suis enfin arrivé à destination. Il y a eu une période où je changeais de société comme de chaussettes. Aujourd’hui, je ne regarde même plus regarder de quelle couleur est l’herbe du voisin. Et vous savez quoi ? Ca fait du bien, de défaire ses cartons.

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