La reprise économique mal menée

Cet article vise à quantifier les pertes qui résultent des exigences de localisation des données et des lois relatives à la confidentialité et à la sécurité des données qui discriminent les fournisseurs de données étrangers et les fournisseurs de biens et services en aval, en utilisant GTAP8. L’étude examine les effets d’une législation récemment proposée ou promulguée dans sept juridictions, à savoir le Brésil, la Chine, l’Union européenne (UE), l’Inde, l’Indonésie, la Corée du Sud et le Vietnam.
L’accès aux marchés étrangers et aux chaînes d’approvisionnement mondialisées sont les principales sources de croissance, d’emplois et de nouveaux investissements, en particulier pour les économies en développement. La fabrication et les exportations dépendent également de l’accès à une large gamme de services à des prix compétitifs, qui dépendent d’un accès sécurisé et efficace aux données. La localisation des données affecte potentiellement toute entreprise qui utilise Internet pour produire, livrer et recevoir des paiements pour leur travail, ou pour payer leurs salaires et taxes.
L’impact de la législation récemment proposée ou promulguée sur le PIB est substantiel dans les sept pays: Brésil (-0,2%), Chine (-1,1%), UE (-0,4%), Inde (-0,1%), Indonésie (- 0,5%), la Corée (-0,4%) et le Vietnam (-1,7%). Ces changements affectent considérablement la reprise économique après la crise et peuvent annuler les augmentations de productivité résultant des principaux accords commerciaux, tandis que la croissance économique est souvent déterminante pour la stabilité sociale.
Si ces pays introduisaient également des exigences de localisation des données à l’échelle de l’économie qui s’appliquent à tous les secteurs de l’économie, les pertes de PIB seraient encore plus élevées: Brésil (-0,8%), UE (-1,1%), Inde (- 0,8%), Indonésie (-0,7%), Corée (-1,1%).
L’impact sur l’ensemble des investissements intérieurs est également considérable: Brésil (-4,2%), Chine (-1,8%), UE (-3,9%), Inde (-1,4%), Indonésie (-2,3%), Corée (-0,5) %) et le Vietnam (-3,1). Les exportations de la Chine et de l’Indonésie diminuent également de -1,7% en conséquence de la perte directe de compétitivité.
Les pertes de bien-être (exprimées en pertes économiques réelles par les citoyens) s’élèvent à 63 milliards de dollars pour la Chine et 193 milliards de dollars pour l’UE. Pour l’Inde, la perte par travailleur équivaut à 11% du salaire mensuel moyen, et près de 13% en Chine et environ 20% en Corée et au Brésil.
Les résultats montrent que l’impact négatif de la perturbation des flux de données transfrontaliers ne doit pas être ignoré. L’économie mondialisée a fait des restrictions commerciales unilatérales une stratégie contre-productive qui met le pays dans une perte relative par rapport aux autres, sans possibilité d’atténuer l’impact négatif à long terme. La localisation forcée est souvent le produit d’une analyse économique médiocre ou unilatérale, avec l’objectif furtif d’éloigner les concurrents étrangers. Les gains résultant de la localisation des données sont trop faibles pour compenser les pertes en termes de bien-être et de production dans l’économie générale.

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