Ce modèle cherche à dépasser le modèle économique linéaire, qui consiste à extraire, produire, consommer et jeter, en appelant à une consommation sobre et responsable des ressources naturelles, des matières premières primaires et de l’énergie, minimisant les rejets associés. Il s’appuie notamment sur l’optimisation de l’utilisation de la matière (écoconception des produits et des emballages, approvisionnement durable, recyclage, réutilisation, conception low tech, efficacité et sobriété énergétique), l’augmentation de la durée de vie des produits (réparation, réemploi, réutilisation, écoconception et R&D responsables, lutte contre l’obsolescence des produits, économie de la fonctionnalité), la limitation de pertes induites en ressources en optimisant leur circulation au niveau territorial (circuits courts, écologie industrielle et territoriale, mutualisation, économie de la fonctionnalité, collaborative, du partage, open data…) et la mise en place d’écosystèmes d’acteurs, dont les acteurs publics. Selon l’Ademe, sa définition englobe sept piliers : écoconception, écologie industrielle et territoriale, économie de la fonctionnalité, consommation responsable, réemploi, réutilisation et réparation, recyclage, approvisionnement durable. L’économie circulaire permet aux entreprises : – d’appréhender le pilier environnemental de la RSE dans une logique positive de synergies, et non seulement dans une logique d’impacts ; – d’aller au-delà d’une simple vision « intra » pour tendre vers une vision « inter », et cela au niveau de la filière comme du territoire, de faire travailler les entreprises ensemble et avec d’autres acteurs (symbioses industrielles, synergies de mutualisation et de substitution, etc.) ; – de développer des modèles avec un fort ancrage local et des emplois non délocalisables ; – de challenger les modèles économiques des entreprises (exemple : passer de la vente de biens à la vente de services) et, finalement, de répondre et se mettre au niveau des exigences réglementaires de la RSE (notamment de renseigner les items environnementaux de l’article 225 de la loi Grenelle 2 : prévention en amont, réduction des consommations de ressources, mesures prises pour améliorer l’efficacité énergétique, etc.). Il est important de mesurer et de suivre l’avancée des projets. L’économie circulaire tend à mettre en place un modèle économique où les déchets sont des ressources, à travers un fonctionnement en boucle fermée de matières. Cependant, ce modèle ne pourra pas se développer selon l’ampleur souhaitée tant que le statut juridique des déchets et des matières ne sera pas clairement fixé au niveau européen et national. Le statut actuel des déchets est un frein au développement des synergies écoindustrielles : pour des raisons de coût, psychologiques, commerciales et juridiques, les industriels sont peu enclins à utiliser des matières recyclées ou des matériaux juridiquement qualifiés de déchets. La modification du droit des déchets qui introduit la possibilité de sortir du statut de « déchet » et crée la notion de « sous-produit » 3 est un atout à promouvoir. Pour ce qui est du recyclage, certaines filières ne sont pas encore suffisamment opérationnelles. La conception des produits devrait, dans la mesure du possible, être en fonction des moyens humains et financiers de l’entreprise et appréhender l’ensemble du cycle de vie du produit. La conception d’un produit pourrait intégrer des matières premières recyclées, prévoir un recyclage maximal en fin de vie, via l’écoconception, en s’appuyant sur les analyses du cycle de vie (ACV) et en luttant contre l’obsolescence programmée. En s’inspirant directement des écosystèmes naturels où des équilibres s’établissent entre les différentes espèces dans la satisfaction de leurs besoins respectifs, la création de synergies de flux de matières et d’énergie entre les acteurs d’un même territoire via l’écologie industrielle et territoriale (EIT) est essentielle à la transition vers une économie circulaire. L’originalité de l’EIT est liée à l’approche systémique qu’elle propose. En rupture avec les approches analytiques classiques, elle permet d’appréhender les systèmes dans toute leur complexité et d’identifier les interactions « clés » sur lesquelles il est souhaitable d’agir pour accroître leur sobriété et leur performance.
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